ORIGINAIRES DU MORBIHAN,
CES CENT  PATRIOTES FURENT DÉPORTÉS AU KL BUCHENWALD :
au moins 47 d’entre eux périrent dans les camps nazis :
le plus jeune avait 19 ans, le plus âgé 58 ans.

Quelques données historiques sur ce camp :

Le camp de Buchenwald, ce qui signifie « le bois des hêtres », situé à une dizaine de kilomètres de Weimar, ville située au centre du Reich (1), a été créé en 1937. Les baraquements eux-mêmes ont été construits par des détenus provenant notamment du camp d’Oranienburg-Sachsenhausen selon un plan déjà mis en oeuvre dans ce camp comprenant trois ensembles. Tout d’abord, la cité SS, puis le centre politico- administratif avec la Kommandatur, et enfin, autour de la place d’appel,   «l’Appelplatz» , une soixantaine de blocks pour les déportés. Ces baraquements étaient entourés par une double rangée de fils barbelés électrifiés que surplombaient, tous les 150 mètres, des miradors. En contrebas du camp principal, également isolé par des barbelés, se trouvait  le «petit camp », comprenant dix baraques réservées aux nouveaux arrivants mis en quarantaine, aux invalides et aux enfants. Se trouvait aussi  la carrière d’où les détenus extrayaient des pierres pour l’entreprise SS, la DEST « Terre et Pierre ». A l’entrée du camp, au haut du portail en fer forgé, était gravé « à chacun son dû : Jedem das sein».
Fin 1937, l’effectif du camp était de 2 912 détenus, pour passer à 20 112 au cours de l’année 1938, dont plus de 10 000 de Juifs allemands, internés suite au pogrom de la « nuit de cristal ». Toutefois ceux qui purent « revendre » leurs biens et s’engagèrent à quitter l’Allemagne purent acheter leur liberté.
Avec le déclenchement de la guerre, furent déportés dans ce camp des otages tchèques et slovaques suite à l’annexion des Sudètes, et en octobre 1939, des milliers de Polonais, y compris les premiers enfants. Dans ce camp, près de 15 % des mineurs internés avaient moins de douze ans. 85 % d’entre eux étaient âgés de 12 à 17 ans. Au moment de la libération du camp, le 11 avril 1945,  et alors que les S.S. avaient déjà envoyé vers les chambres à gaz d’Auschwitz les petits juifs et Tziganes, quelques 900 enfants et adolescents avaient survécu, le plus jeune avait trois ans.
Puis en 1940, arrivèrent des déportés d’Europe de l’Ouest, Hollandais, Belges, Luxembourgeois et, à partir de juin, des Français du Nord et des départements d’Alsace et de Moselle. Enfin, la rupture du traité germano-soviétique et l’entrée en guerre contre l’URSS, le 22 juin 1941, entraînèrent la déportation de milliers de prisonniers soviétiques. 8000 de ceux-ci furent victimes de mise à mort brutale dans le cadre de l’ Aktionkugel qui consistait à abattre un prisonnier d’une balle dans la nuque.
Après la défaite de Stalingrad en février 1943, et la capitulation allemande en Afrique du Nord en mai 1943, toute l’économie allemande était mise au service de l’effort de guerre. Le besoin croissant de main d’oeuvre entraînait une intensification des déportations dans ce camp en provenance de plus de 35 pays, dont la France. Dès 1942, avec l’instauration de la guerre totale, la directive du 30 avril 1942 d’Oswald Pohl, nouveau chef de la WVHA, Office central d’administration économique de la SS, l’objectif devint de rentabiliser le travail des détenus:
« L’internement des prisonniers pour les seules raisons de sécurité, d’éducation, et de prévention n’est plus la condition essentielle » .
Ainsi, alors qu’étaient déjà installées dans l’enceinte du camp : la DAW (ateliers allemands d’armement), la Gustloff Werke qui fabriquait des armes légères, de 1943 à la fin 1944, voire au tout début de 1945, le développement des Kommandos de travail s’amplifiait. Etaient créés dans le camp même, la Mibau-Siemens qui fabriquait des pièces de précision pour les V2,  et à l’extérieur, près d’une centaine de Kommandos étaient créés, les plus connus étant ceux d’Ohrdruf, Schlieben, Berga Elster, Neu-Stassfurt, Laura, Gandersheim, Plomitz-Leau, Trôglitz, Langenstein et bien sûr Dora (2).

Le 29 octobre 1944, pour mieux sauvegarder le secret sur la fabrication des armes, ce dernier Kommando devenait un camp de concentration autonome, centre de production et d’assemblage des fusées V1 et V2. Le travail d’enfouissement du projet « Mittelbau » de production des armes de représailles, allait faire de Dora, où les déportés furent transférés en grand nombre, le «cimetière des Français».
Au du début de l’année 1944, des convois de déportés malades (3) furent acheminés au KL de Lublin-Majdaneck, où la plupart étaient «sélectionnés» pour l’extermination. Situé en Pologne, près du village de Majdaneck au sud de Lublin, ce vaste KL mis en service en 1941 devint un camp d’extermination où étaient transférés les déportés malades des KL Buchenwald, Dora, Ravensbrück et Sachsenhausen. Au printemps 1944, les survivants étaient évacués sur Auschwitz, le camp de Majdaneck étant abandonné le 22 juillet 1944 par les SS avant l’arrivée de l’Armée Rouge.
A partir du printemps 1944, les convois de malades furent dirigés vers le KL de Bergen-Belsen à 65 km au nord-ouest de Hanovre, prétendu camp de «repos» dans lequel les épidémies de typhus, notamment en mai 1944 et en janvier 1945, décimèrent les déportés.
En 1944, au fur et à mesure de l’avance des troupes soviétiques, les nazis organisèrent vers Buchenwald , des grands transports d’évacuation, venus des camps de l’Est. L’effectif du camp passait de 55 473 détenus en octobre 1944 à 86 232 en février 1945.

Au cours de l’année 1943, les déportés politiques proches des partis communistes parvinrent à enlever aux détenus de droit commun,  le contrôle de l’administration, notamment dans les bureaux de l’Arbeitstatistik, soit la statistique du travail, bureaux du placement du camp, où était déterminée l’affectation des déportés dans les divers kommandos et préparées les listes des transferts des déportés. Une organisation clandestine internationale se mit en place, avec la création d’un Comité international clandestin de résistance dont l’ objectif était de conserver le contrôle de l’administration, d’être informé des projets secrets de la SS, d’encourager le sabotage et, dans la mesure du possible, d’organiser la solidarité. En juin 1944, un Comité des intérêts français (CIF) se faisait reconnaître par le Comité international clandestin du camp grâce plus particulièrement à l’action combinée de deux hommes, le Colonel Frédéric-Henri Manhès, né le 9 juin 1889, arrivé le 24 janvier 1944 au camp, compagnon et adjoint de Jean Moulin dans la Résistance, et Marcel Paul, né le 12 juillet 1900, déporté à Auschwitz le 22 avril 1944 puis transféré à Buchenwald le 14 mai 1944, communiste, militant syndical, connu sur le plan international, ce qui permit de sauvegarder plusieurs déportés français, mais aussi de les associer plus fortement aux actions de sabotage. Le sabotage de la production visait en priorité l’armement réduit à environ 40% de sa capacité potentielle. A la faveur du bombardement allié du 24 août 1944 qui détruisit complètement les usines d’armement du camp, tuant une cinquantaine de gardiens, et 384 détenus, le Comité clandestin put récupérer et cacher des armes, souvent pièce par pièce, et des munitions en perspective d’une action d’autodéfense et de libération, qui se concrétiserait le 11 avril 1945 (4).

Convoi parti de Compiègne le 3 septembre 1943

Deuxième transport important parti de Compiègne vers Buchenwald, ce convoi, formé peu de temps après la décision des nazis d’ouvrir une usine souterraine dans les collines du Kohnstein, emportait 943 hommes, dont au moins 414 allaient mourir ou disparaître dans les camps nazis. La plupart de ces déportés étaient des jeunes gens réfractaires au STO, arrêtés au cours des semaines précédentes, ou lorsqu’ils tentaient de franchir les Pyrénées pour passer en Afrique du Nord . Se trouvaient également parmi ces déportés, 81 étrangers, néerlandais, polonais, et belges. Il y eut de nombreuses évasions dont 19 réussies, 28 autres déportés étant repris, emprisonnés à Metz puis à Sarrebruck, et enfin transférés à Buchenwald. Après une période de quarantaine, 472 déportés étaient transférés, dès la fin septembre, dans « l’enfer de Dora »,  où 101 allaient mourir avant le 31 mars 1944.

Parmi les déportés originaires du Morbihan, revenaient de déportation:
Pierre Berthic, né le 31 juillet 1925 à Lorient. Matricule 20390. Transféré Dora puis à Mauthausen où il était libéré le 5 mai 1945.
Pierre Fraboulet, né le 29 avril 1899 à Neuillac. Matricule 20303. il était libéré le 11 avril 1945.
Charles Le Gourrierec, né le 1 février1920 à Auray. Matricule 20497. Transféré à Bergen-Belsen où il était libéré le 15 avril 1945.
Joseph Le Due ou Le Duc, né le 31 mars 1915 à Théhillac. Matricule 20844. Arrêté en juillet 1943, alors qu’il tentait de franchir la ligne de démarcation . Transféré à Dora, puis à Bergen-Belsen, il était libéré le 15 avril 1945.

Convoi parti de Compiègne , le 17 septembre 1943

Troisième transport important parti de Compiègne vers Buchenwald, ce convoi emportait près de mille hommes dont au moins 63 allaient mourir d’asphyxie au cours du transport. En effet,  suite à des évasions à Novéant en Moselle, tous les déportés avaient été  contraints de se déshabiller et avaient été  entassés à 100 dans de nouveaux wagons métalliques. Les corps étaient incinérés au crématoire de Buchenwald lors  l’arrivée du convoi, sans être identifiés.

Sur les 927 déportés immatriculés, qui pour la plupart étaient des jeunes gens réfractaires au STO, 402 allaient mourir ou disparaître dans les camps nazis, le plus grand nombre d’entre eux faisant partie des 500 hommes qui avaient été très rapidement transférés à Dora pour construire une usine à  l’intérieur d’un souterrain, où ils restèrent enfermés pendant plusieurs mois.

114 déportés de ce convoi, tombés malades, étaient sélectionnés pour les camps d’extermination de Maidaneck et de Bergen -Belsen. Bien que maintenu dans le camp principal, Ferdinand Daniel, né le 18 février 1895 à Lorient, Matricule 21238, y décédait le 5 janvier 1944: il avait 49 ans.

Revenaient de déportation:

Jean Madec, né le 4 janvier 1916 à  Lorient. Matricule 21873. Transféré au kommando de Schönebeckl où les déportés travaillaient pour la firme Junkers à  la fabrication de pièces d’avion, il était libéré le 11 avril 1945.

Jean Patoureau, né le 11 décembre 1924 à   Lorient. Matricule 21325. Transféré à  Dora puis à Bergen-Belsen  il était libéré le 15 avril 1945.

Désiré Raut, né le 12 novembre 1904 à  Ploemeur. Matricule 21481, il était libéré le 11 avril 1945.

Jean Sablé, né le 28 septembre 1921 à  Pont-Scorff. Matricule 21829. Transféré Dora puis au kommando de Sangerhausen, et enfin à Ravensbruck, il était libéré le 30 avril 1945.

Convoi parti de Compiègne le 28 octobre 1943

Quatrième transport important parti de Compiègne vers Buchenwald, ce convoi emportait 933 hommes dont, les 29 et 30 octobre, 20 parvenaient à s’évader à Nançoy sur Ormain ( 55) ou lors de la traversée de la Meuse. Parmi ceux-ci Pierre Launay, né le 07 mars 1903 à Phuherlin, et André Le Meitour, né le 25 mars 1920 à Vannes. En revanche, au moins 384 déportés allaient mourir ou disparaître dans les camps nazis.
Cette fois encore , les déportés étaient souvent des jeunes gens réfractaires au STO, des militaires et des étudiants qui tentaient de traverser les Pyrénées, ou pris dans des rafles comme à Clermont Ferrand, le 24 juin 1943, enfin des résistants membres de réseaux comme Buckmaster ou CND Castille ou de groupes de FPT, et premiers maquisards comme ceux de l’Aigoual. 415 hommes étaient transférés à Dora, où 110 allaient mourir avant le 31 mars 1944, 99 autres étant sélectionnés, en janvier et février, pour le camp d’extermination de Maïdaneck et, en mars, pour celui de Bergen -Belsen.

Parmi les déportés de ce convoi, trouvaient la mort en Allemagne :
Charles Foy, né le 6 décembre 1919 à Caden. Matricule 30415. Transféré à Dora où il décédait le 26 mars 1944. Il avait 25 ans.
Eugène Foy, né le 29 avril 1918 à Caden. Matricule 30526. Transféré à Dora où il décédait le 25 décembre 1944. Il avait 26 ans.
Yves Josso, né le 28 octobre 1925 à La Gacilly . Matricule 30545. Transféré à Bergen-Belsen où il décédait le 14 avril 1945.Il avait 19 ans.
Robert Le Roux, né le 16 avril 1922 à Lorient. Matricule 31214. Transféré à Dora où il décédait le 31 décembre 1943. Il avait 21 ans.
Pierre Le Saint, né le 5 juillet 1922 à St Léger. Matricule 31111. Transféré à Lublin où il décédait le 4 mars 1944. Il avait 21 ans.

Revenaient de déportation:
François Caouren, né le 27 novembre 1920 à Locmaria. Matricule 30950. Transféré à Dora il était libéré le 30 avril 1945.
François Daniel, né le 13 avril 1920 à Molac. Matricule 31152. Transféré à Dora, il était libéré à une date indéterminée
Jean Février, né le 4 janvier 1922 à Vannes. Matricule 30882. Louis Février, né le 2 décembre 1922 à Vannes. Matricule 30883. Ces deux frères auraient été arrêtés en juillet 1943, alors qu’ils tentaient de franchir la ligne de démarcation. Transférés à Dora, ceux-ci étaient ensuite affectés au Kommando de Rottleberode, où les déportés travaillaient à la fabrication de pièces d’avion pour la firme Junker. Ils étaient libérés le 5 mai 1945 à Schwain.
Marcel Guelvout, né  le 15 décembre 1904 à Le Palais . Matricule 30557, il était libéré le 11 avril 1945.
Charles Hemonet, né le 25 mai 1921 à Lorient. Matricule 30571. Transféré à Bergen-Belsen où il était libéré le 15 avril 1945..
André Hercouet, né le 25 mai 1921 à Pluherlin. Matricule 30414. Il était libéré le 11 avril 1945.
Paul Lavanant, né le 15 mai 1918 à Pontivy. Matricule 30626. Transféré au kommando de Schonebeck, ouvert le 13 mars 1944 et installé dans une grotte en vue d’y fabriquer des trains d’atterrissage. Il était libéré à une date indéterminée.
Léon Le Plat, né le 22 janvier 1904 à Noyalo. Matricule 30547. Il s’évadait lors de l’évacuation du camp et était libéré le 28 avril 1945.
Mathurin Le Pluart, né le 1 février 1919 à Plumergat. Matricule 30539. Transféré au kommando de Langensteinn , ouvert en avril 1944 pour creuser des galeries où seraient conservées les productions des usines Junkers. Il était libéré à une date indéterminée .
Yves Le Portz, né le 16 avril 1920 à Hennebont. Matricule 31304. Transféré au kommando de Schonebeck, il s’évadait lors de l’évacuation de celui-ci et était libéré le 12 avril 1945 à Barby.
Gilbert Sampol, né le 8 octobre 1923 à Lorient. Matricule 31213. Transféré à Dora où il était libéré à une date indéterminée.

Convoi parti de Compiègne le 14 décembre 1943

Cinquième transport important parti de Compiègne vers Buchenwald, ce convoi emportait 933 hommes dont 11 parvenaient à s’évader lors de la traversée de la Marne, parmi ceux-ci, François Le Caignec, né le 22 décembre 1924 à Lorient.
En revanche, au moins 328 déportés allaient mourir ou disparaître dans les camps nazis. La proportion de résistants organisés était plus grande, la répression ayant frappé les réseaux Alliance, Buckmaster, Centurie, Mithridate, les mouvements Combat, Libération, OCM, Turma Vengeance, des corps francs de l’ Armée Secrète ou des groupes de FPT. Ainsi, ayant réussi à conserver sa fausse identité de Jacques Grimaud, le syndicaliste Christian Pineau, un des fondateurs de Libération -Nord et du réseau Phalanx, faisait partie de ce convoi. Dès son retour de Buchenwald en 1945, il serait nommé ministre du ravitaillement.
Le 11 janvier 1944, 328 français sur les 821 déportés dans ce convoi étaient transférés à Dora, où 47 allaient mourir avant le 31 mars 1944.

Parmi les déportés de ce convoi, trouvaient la mort en Allemagne :
Emmanuel Le Corre, né le 10 janvier 1913 à Lorient, Matricule 38907, décédé le 15 juillet 1944. Il avait 31 ans.
Célestin Le Couguec, né le 10 mars 1914 à Quiberon. Matricule 38433. Transféré à Dora puis à Bergen-Belsen, où il décédait le 25 juin 1944. Il avait 30 ans.

Revenaient de déportation:
Roger Astic, né le 07 juillet 1900 à Vannes. Matricule 38122. Transféré au kommando de Halle, où les déportés fabriquaient des pièces d’avion pour la firme Siebel, puis à Dachau où il était libéré le 29 avril 1945
Georges Bacon, né le 14 décembre 1920 à St-Hélène. Matricule 38690. Il restait au camp central où il était libéré le 11 avril 1945.
Joseph Borgat, né le 28 août 1906 à Guer. Matricule 38143.Il était libéré à une date et dans un lieu non déterminés.
Joseph Le Gaignoux, né le 24 février 1925 à Plouer. Matricule 38164.Il était libéré à une date non déterminée.
Gilles Le Rouzo, né le 4 février 1923 à Hennebont. Matricule 38354. Selon Roger Le Roux, dans le Morbihan en guerre, Gilles Le Rouzo aurait appartenu au réseau britannique de renseignements «Alibi » et cherché à organiser dans le secteur de Plouay, une filière d’évasion par l’Espagne pour rejoindre la France Libre. Suite à l’arrestation de membres du réseau, il était demandé à Gilles Le Rouzo de rejoindre l’Angleterre. Découvert caché dans un wagon le 3 novembre 1943, à Cerbère, celui-ci était arrêté et déporté. Transféré à Dora, il était libéré le 11 avril 1945.
André Mahé, né le 25 mars 1924 à Meucon. Matricule 38115. Transféré à Neuengamme où il était libéré à une date non déterminée.
Yves Tréhin, né le 3 septembre 1919 à Lorient. Matricule 38363. Transféré à Halle où il était libéré à une date non déterminée.

Convoi parti de Compiègne le 17 janvier 1944

Sixième des grands transports partis de Compiègne ce convoi emportait 1943 hommes soit plus du double des cinq convois précédents. En effet, comme le montraient également les deux convois suivants, la déportation de masse s’accélérait puisque les trois convois de janvier 1944 compteraient 5 506 déportés, alors que les cinq premiers convois entre juin et décembre 1943 avaient emporté 4 650 déportés. Parmi ces déportés partis de France se trouvaient 437 étrangers, républicains espagnols, italiens, néerlandais, et belges.

A leur arrivée à Buchenwald, les déportés étaient envoyés dans les Blocks de quarantaine du « petit camp », puis entre le 10 et le 17 février 1944, plus de 600 Français étaient transférés par camions vers le camp de Dora, et immédiatement logés dans « le Tunnel » et quelques 300 autres déportés étaient transférés au camp de Flossenbürg, avant d’ être répartis entre ses divers Kommandos. Au moins 725 déportés allaient mourir ou disparaître dans les camps nazis.

Parmi les déportés de ce convoi, trouvaient la mort en Allemagne :

Jean Duc, né le 10 décembre 1924 à  Lorient, Matricule 40909. Il était transféré à  Dora où il décédait le 6 novembre 1944: il n’avait pas encore 20 ans .

Adolphe Chapet, né le 10 novembre 1886 à  Lorient, Matricule 39565. Il décédait le 15 juin 1944: il avait 58 ans .

Paul Hervé, né le 3 juillet 1918 à Ste Anne d’Auray, Matricule 40937. Il était transféré à Flossenburg où il décédait en mars 1945: il avait 26 ans .

Pierre Waquant, né le 8 ao t 1921 à  Meudon, Matricule 40076. Il décédait le 24 février 1944: il avait 22 ans .

Revenaient de déportation:

Louis Boudazin , né le 18 mai 1886 à  Vannes, Matricule 41198, il était libéré le 1 mai 1945 dans un lieu non déterminé .

Marcel Dréano , né le 10 juin 1924 à  Riantec, Matricule 40907. Transféré Dora , il était libéré une date et dans un lieu non déterminés .

Pierre Gallet, né le 5 novembre 1915 à  Lorient, Matricule 39731.Il était libéré une date et dans un lieu non déterminés .

Albert Jaffron, né le 14 janvier 1925 à Lorient, Matricule 41316.Transféré Dora , il était libéré une date et dans un lieu non déterminés, mais il décédait peu après son retour dans sa vingtième année.

Convoi parti de Compiègne le 22 janvier 1944

Septième des grands transports partis de Compiègne, ce convoi emportait 2005 hommes, arrêtés pour la plupart en 1943, soit parce que membres de réseaux ou de mouvements de résistance , soit parce que pris dans des rafles de représailles après des actions de résistance.
Ainsi à Nantua, le 14 décembre 1943, après une expédition punitive de maquisards contre un collaborateur , 150 hommes furent arrêtés dont 92 déportés dans ce convoi. Ainsi le 26 décembre 1943, à Morlaix, après un attentat commis le 24, une vaste rafle conduisait à la déportation de 59 hommes. Parmi ces déportés partis de France se trouvaient 41 étrangers, républicains espagnols, italiens, néerlandais, et belges. évader lors du transport dont Marcel Bricaud, né le 29 septembre 1922 à Morlaix, Jean Cozanet né le 9 septembre 1916 à Morlaix, François Le Bail, né le 4 septembre 1921 à Morlaix.

Au moins 844 déportés allaient mourir ou disparaître dans les camps nazis. Parmi les déportés de ce convoi, trouvaient la mort en Allemagne :
François Jagu, né le 22 septembre 1925 à Cournon, Matricule 41894. Il était transféré à Mauthausen où il décédait le 13 mars 1944: il avait 19 ans .
Marcel Le Baron, né le 11 juillet 1916 à Hennebont, Matricule 42564. Transféré à Dora, il y mourrait le 31 mars 1945. Il avait 28 ans.
Paul Le Gal, né le 4 septembre 1890 à Lorient, Matricule 42806.Transféré à Dora il y mourrait le 19 mai 1944. Il avait 53 ans.
Auguste Le Gargan, né le 22 mai 1897 à Lorient. Matricule 41920. Il était transféré à Mauthausen où il décédait le 7 mars 1944: il avait 47 ans .
Marcel Rio, né le 15 septembre 1919 à Trédion. Matricule 43063. Il était transféré à Flossenburg puis à Janowitz où il décédait le 19 avril 1945: il avait 25 ans .

Revenaient de déportation:
Yves Le Toullec , né le 3 juillet 1924 à Lorient, Matricule 42837, il était libéré à une date et dans un lieu non déterminés . En revanche, nous ignorons ce qu’il est advenu de Louis Queri, né le 21 mars 1922 à Inzinzac, Matricule 41511, après son transfert à Dora.
Julien Réminiac , né le 30 octobre 1920 à Monterrein, Matricule 42543, il était transféré à Mauthausen d’où il était libéré le 5 mai 1945 .
Pierre Sibiril-Lefebvre , né le 12 octobre 1910 à Lorient, Matricule 41987, il était libéré à une date et dans un lieu non déterminés .

Convoi parti de Compiègne le 27 janvier 1944

Huitième des grands transports partis de Compiègne, ce convoi emportait 1583 hommes, arrêtés pour la plupart fin 1943, soit parce que membres de réseaux ou de mouvements de résistance , soit parce que pris lors d’attaques de maquis, notamment en Ille et Vilaine dans les Côtes du Nord.. Parmi ces déportés partis de France se trouvaient 168 étrangers, républicains espagnols, italiens, néerlandais, et belges.
Au moins 566 déportés allaient mourir ou disparaître dans les camps nazis. La moitié des détenus était transférée à Dora pour construire le camp lui-même.
La mortalité restait importante d’autant qu’à partir de mars 1944, de nombreux déportés étaient transférés dans les kommandos extérieurs d’Ellrich et de Harzungen pour travailler dans des chantiers souterrains. David Rousset, né le 18 janvier 1912, qui faisait partie de ce transport a  publié dès 1946 L’Univers concentrationnaire et en 1947 Les Jours de notre mort.
10 membres du groupe de Guer appartenant au réseau « Oscar- Parson » se trouvaient dans ce convoi : Joseph Daniel, Edouard Dugué, Louis Durandière, Raymond Hervé, Félix Landais, Maurice Lefouillé, les fréres Donatien et Jean Lerat, Henri Paistel , André Séroux.
Ce réseau « Oscar », était l’un des réseaux de renseignements du Special Operations Executice, Direction des Opérations Spéciales, service secret britannique, S.O.E, dont la Section Française était dirigée par le colonel Buckmaster. Selon Roger Le Roux ( Le Morbihan en guerre pages 234 et 235), le capitaine François Vallée alias « Oscar » ou «Parson », agent du S.O.E depuis février 1943 avait été parachuté en Ille Et Vilaine le 17 juin 1943 avec mission de constituer des groupes de sabotage et de les armer. Il s’installait à Rennes où il aurait pris notamment contact avec le commandant de gendarmerie, Maurice Guillaudot. Son adjoint Henri Gaillot et son opérateur radio Georges Clément, dit « Bob » étaient parachutés à leur tour en juillet 1943. Vallée parvenait à constituer quelques groupes de sabotage, dont l’un à Guer autour de Charles Touzet, retraité des chemins de fer, qui procurait notamment de fausses cartes d’identité à des réfractaires. Un terrain de parachutage était également sélectionné au Bois-Jean près de Guer, sur le territoire de la commune de Comblessac (Ille-et-Vilaine). Le châtelain de Saint-Gurval, le vicomte Alain du Bouexic rejoignait le groupe dans lequel il faisait tout d’abord entrer le fermier du château, Jean Lerat, ainsi que le frère de celui-ci, Donatien, et un jeune réfractaire au S.T.O, originaire de Saint-Ganton qui se cachait à la ferme des Vaux, Joseph Daniel.
Dans la nuit du 20 au 21 octobre 1943, vers 22 h, deux avions, larguaient leur chargement d’armes et d’explosifs. Toutefois, un prétendu réfractaire au S.T.O, Georges Audigé, qui se disait traqué, mais qui appartenait, en réalité, à une organisation franciste au service des Allemands, s’était infiltré dans le réseau. Embauché comme mécanicien par le vicomte du Bouexic, il parvenait à avoir connaissance du parachutage du 20 octobre et de l’identité des principaux membres du groupe, renseignements qu’il transmettait à la Gestapo.
Le 29 ou le 30 octobre 1943, la Gestapo de Rennes se présentait au château de Saint-Gurval et procédait à l’arrestation des membres de la famille du châtelain et du personnel du château, dont la cuisinière Anne-Marie Boivin, ainsi que de Jean Lerat, de sa femme, et de leur nièce Madeleine Glo âgée de quinze ans, de Donatien Lerat et Joseph Daniel ainsi que d’ Etienne Eon, le fermier de Bois-Jean.
Entre le 3 et le 10 décembre 1943, d’autres membres du groupe étaient arrêtés : Eugène Brunel, Roger Chotard, Edouard Dugué, Louis Durandière, facteur enregistreur à la gare de Guer, Raymond Hervé, Félix Landais , Maurice Le Fouillé, fils du greffier de paix, Noël Margat, commis boucher, Henri Nogret, garde-voie — pris à la place de son frère Anatole — Henri Paistel, André Séroux, ouvrier plombier.
Le 28 novembre 1943, le radio Georges Clément – « Bob » était surpris en pleine émission dans une ferme de Hédé (Ille -et-Vilaine). Georges Clément, né le 20 novembre 1917 à Petrograd, était déporté à Mauthensen où il aurait été exécuté début septembre 1944: il avait 37 ans. Le capitaine François Vallée était arrêté avec son adjoint Henri Gaillot et son frère Robert début février 1944 à Paris Gare de Lyon. Robert Vallée décédait à Dora, Henri Gaillot et François Vallée, né le 01 janvier 1912 à Plounévez-Moédec 22, étaient exécutés sur ordre d’Himmler, en août ou septembre 1944 au camp de Gross Rosen. François Vallée était fait Compagnon de la Libération par décret du 4 mai 1944 ( voir son parcours sur le site ordredelaliberation).

Quant aux membres du groupe de Guer déportés à Buchenwald, trouvaient la mort en Allemagne:
Edouard Dugué , né le 03 décembre 1918 à Evran (22). Matricule 43901. Transféré à Dora puis à Bergen-Belsen, il décédait dans un lieu non déterminés ,: il n’avait pas 27 ans.
Félix Landais, né le 2 décembre 1897 à Fromentières (53): Matricule 43872. Transféré à Dora il décédait le 26 mars 1944: il avait 46 ans.
Maurice Le Fouillé, né le 25 juin 1913 à Loutehel (35). Matricule 43875. Transféré à Dora puis à Ellrich, il décédait dans un lieu non déterminé , le 1 avril 1945: il avait 31 ans.
Donatien Lerat, né le 29 avril 1923 à Augan. Matricule 43876. Transféré à Dora puis à Bergen-Belsen, il décédait dans un lieu non déterminé , le 20 mai 1944: il avait 21 ans.
Henri Paistel, né le 2 juin 1899 à Lizio. Matricule 43870. Transféré à Dora, il était brûlé vif dans la grange de Gardelegen le 13 avril 1945, lors de l’évacuation du camp: il avait 46 ans;

Revenaient de déportation
Joseph Daniel, né le 26 avril 1922 à Lieuron ( 35)Matricule 43871. Transféré à Dora puis à Bergen -Belsen il était libéré le 15 avril 1945, ainsi que Louis Durandière, né le 30 mars 1914 à Questembert. Matricule 43892. ( voir le témoignage de Joseph Daniel sur le site réseau oscar-parson de Guer);
Raymond Hervé, né le 10 juin 1916 à Guer, Matricule 43895. Transféré à Dora, il était libéré à une date et dans un lieu non déterminés .
Jean Lerat, né le 26 août 1913 à Ploërmel. Matricule 43873. Transféré à Dora, il se serait évadé lors de l’évacuation du camp et se serait caché jusqu’à l’arrivée des alliés, dans une ferme où, prisonnier de guerre, travaillait Jean Amice né à Augan.
André Seroux , né le 12 août 1924 à Peillac, Matricule 43894. Transféré à Flossenburg, il était libéré à une date et dans un lieu non déterminés .

D’autres membres du groupe de Guer, trouvaient la mort en Allemagne:
déportés à Mauthausen, le 6 avril 1944,
Eugène Brunel, né le 24 août 1920 à Augan. Matricule 62048. Transféré à Melk, il décédait à une date dans un lieu non déterminé : il aurait eu 25 ans.
Roger Chotard, né le 22 mars 1923 à Guer. Matricule 62152. Il décédait dans ce camp le 16 juillet 1944 : il avait 21 ans.
Noël Margat, né le 16 décembre 1923 à Maxent (35). Matricule 62758. Il décédait dans ce camp le 22 avril 1945 : il avait 21 ans.
déportés à Neuengamme le 28 juillet 1944,
Etienne Eon né le 25 août 1894 à Carentoir. Matricule 40???., décédait le 28 février 1945 : il avait 50 ans ;
Henri Nogret, né le 16 avril 1905 à Plerguer (35). Matricule 39915, décédait à Sandbostel le 4 mai 1945 : il avait 30 ans.
déportée à Ravensbrück le 13 mai 1944, Anne Marie Boivin, née le 15 août 1887 à Comblessac (35). Matricule 38785, décédait dans ce camp le 10 février 1945 : elle avait 57 ans.

 Parmi les autres déportés morbihannais du convoi du 27 janvier 1944, trouvaient la mort en Allemagne :

Léonard Arquetoux, né le 9 avril 1921 à Inzinzac. Matricule 43891. Arrêté le 19 décembre 1943 à Dol-de-Bretagne. Matricule 43891. Transféré à Dora, il décédait en avril 1945: il avait 24 ans;
Joseph Le Pajolec, né le 24 décembre 1916 à Sarzeau. Matricule 43556. Il décédait à une date et dans un lieu non déterminés , mais en tout cas avant ses 29 ans;
Jean Moren, né le 25 août 1925 à Priziac. Matricule 44318. Transféré à Dora puis à Bergen-Belsen, il décédait à une date et dans un lieu non déterminés, mais en tout cas avant ses 20 ans;
Joseph Yziquel, né le 13 juillet 1923 à Lanvaudan. Arrêté le 19 décembre 1943 à Dol-de-Bretagne. Matricule 43895. Transféré à Dora puis au kommando d’Ellrich où il décédait le 13 mars 1945: il avait 21 ans;

Revenaient de déportation:
Joseph Bruneau, né le 3 octobre 1922 à Guern. Matricule 45044. Transféré au kommando extérieur de Wansleben (5) où les détenus durent creuser des galeries dans une mine de sel afin d’ y installer des machines outils pour la fabrication de pièces d’avion,il était libéré par les américains le 14 avril 1945.
Maurice Le Lardeux , né le 27 août 1901 à Lorient, Matricule 44097. Transféré à Dora, il était libéré à une date et dans un lieu non déterminés .
Jean Le Puillandre, né le 14 juillet 1918 à Muzillac. Matricule 44830. Transféré à Dora puis, lors des évacuations de ce camp en 1945, à Ravensbrück et enfin au kommando Malchow où les détenus travaillaient à la fabrication d’explosifs. Il y était libéré le 30 avril 1945.
Pierre Perrin, né le 5 mai 1903 à Pontivy. Matricule 44683. Transféré au kommando extérieur de Wansleben il était libéré à une date et dans un lieu non déterminés .
En revanche, nous ignorons ce qu’il est advenu de Joseph Mouelle né le 31 août 1920 à Inzinzac Matricule 43896.

Convoi parti de Compiègne le 12 mai 1944

Ce neuvième transport, l’un des plus importants partis de Compiègne, emportait 2073 hommes, arrêtés pour la plupart entre décembre 1943 et avril 1944, lors de grandes rafles ou lors de démantèlement de maquis notamment dans le Jura et l’Ain.
Au moins 789 déportés allaient mourir ou disparaître dans les camps nazis. La moitié des détenus étaient transférés à Dora puis dans les kommandos extérieurs d’Ellrich et de Harzungen ou au village de Wieda pour la construction d’une voie ferrée.

Parmi les déportés de ce convoi, trouvaient la mort en Allemagne :
Joseph Le Floch, né le 23 décembre 1895 à Le Saint. Matricule 49946. Transféré à Dora, il décédait le 13 avril 1945: il avait 49 ans;
Alexis Molac, né le 18 mars 1905 à Saint- Marcel. Matricule 49773. Transféré à Dora, puis à Ellrich, il décédait, dans un lieu non déterminé, le 21 mai 1945: il avait 40 ans;

Revenaient de déportation:
Joseph Guillemont, né le 21 juillet 1921 à Méneac. Matricule 52025. Transféré à Dora puis à Bergen-Belsen, il était libéré le 15 avril 1945.En revanche, nous ignorons ce qu’il est advenu de Robert Le Moullec, né le 8 août 1921 à Lorient, Matricule 51433, comme de Valentin Perron, né le 24 février 1924 à Pluvigner, Matricule 51603;
Jean Lloubes, né le 25 août 1909 à Le Palais, Matricule 51030 et Pierre Rialet, né le 19 août 1922 à Etel. Matricule 51014. Restés au camp central, ils étaient libérés le 11 avril 1945.
Eugène Robic, né le 28 octobre 192? à Lorient, Matricule 51439. Après son transfert au kommando de Langenstein, ouvert en avril 1944, pour faire près de 10 kilomètres de galeries dans des collines, kommando évacué le 9 avril 1945, il était libéré à une date et dans un lieu non déterminés .
Marcel Tanton, né le 5 janvier 1923 à Mohon, Matricule 51250. Transféré à Dora, il était libéré en mai 1945.

Convoi parti de Pantin le 15 août 1944

Ce transport, l’un de ceux qui emportèrent le plus grand nombre de déportés vers l’Allemagne soit 548 femmes vers Ravensbruck et 1654 hommes vers Buchenwald , aurait dû quitter Paris le 12 août mais une grève des cheminots retarda le départ. De plus les sabotages dans la Gare de L’Est par la Résistance dans la nuit du 12 au 13 août conduisirent les nazis à former le convoi en gare de Pantin, les prisonniers étant extraits des prisons de Fresnes et du Cherche Midi ainsi que des forts de Romainville et de Compiègne dans la matinée du 15 août. Parmi ces détenus se trouvaient 168 aviateurs , officiers et sous officiers des armées américaine, britannique, canadienne, australienne et néozélandaise. Ces derniers,  dont les avions avaient été abattus au-dessus de la France,  avaient été recueillis par des réseaux d’évasion mais arrêtés lors du démantèlement de ceux-ci. Aussi, les nazis refusèrent-ils de leur reconnaître le statut de prisonnier de guerre.
La durée du trajet de la soirée du 15 jusqu’au 21 août fut provoquée par des tentatives d’évasion que les SS encadrant le transport réprimèrent par des exécutions, ainsi que par diverses interventions de la Croix Rouge et du Consul de Suède à Paris,  Raoul Nording qui était parvenu à obtenir un accord des autorités militaires pour avoir sous sa protection les prisonniers du convoi. Mais les démarches de ce dernier furent toutes rejetées par le SS chef du train.
Au moins 893 hommes , soit 54 % des déportés allaient mourir ou disparaître dans les camps nazis, le plus grand nombre à Dora, à Ellrich et à Wansleben .

Parmi les déportés de ce convoi, trouvaient la mort en Allemagne :
Marcel Blain, né le 1 avril 1923 à Pontivy .Matricule 78107. Transféré à Dora , il décédait à l’hôpital de Lausanne le 19 septembre 1945 : il avait 22 ans.
Fernand Cadio, né le 14 juin 1921 à Malansac. Matricule 77499. Il avait été recruté comme chauffeur, en 1944 par Raymond Langard, alias Gilbert, radio d’ Erwin Deman, alias Paul, responsable du réseau Var, créé par le S. O. E. britannique et basé principalement en Bretagne. En effet, avait été mise en place une liaison maritime pour le transport d’ agents secrets, d’ aviateurs alliés ou de résistants entre l’Angleterre et la France, à partir de Saint Cast, puis de la plage Beg an Fry près de Morlaix. En juin 1944, Fernand Cadio et Raymond Langard s ‘étaient repliés sur Paris à la suite de la destruction du réseau organisé dans la région de Redon par Gaston Sebilleau. Cette destruction était la conséquence de la trahison de deux aviateurs alliés, Laukens et Beckmann, hébergés notamment au château du Boro chez Pierre de Villeneuve, et devenus, en 1944, agents de la Gestapo. Selon Roger Le Roux ( le Morbihan en guerre page 334), Fernand Cadio et Raymond Langard étaient arrêtés le 26 juin, à Paris. En effet, « malgré les avertissements réitérés de Londres, Gilbert, ayant trouvé un lieu idéal pour ses, émissions, boulevard Suchet, y est resté trop longtemps. Il est repéré par la Funkabwehr. L’immeuble est encerclé… les Allemands… font irruption dans l’appartement et passent aussitôt les menottes à Langard et à Cadio, puis ils montent au grenier. Resté sans surveillance, Langard se débarrasse des menottes et délivre son compagnon. Tous deux se précipitent dans l’escalier mais la rue est gardée ; des coups de feu sont échangés. « Gilbert » blessé est repris ainsi que Fernand. Ils sont conduits à Fresnes » .
Les deux hommes étaient transférés à Dora où Raymond Langard mourait le 3 février 1945, tandis que Fernand Cadio envoyé de Dora à Ellrich, y décédait le 4 février 1945: il avait 23 ans.

Ange Faucourbe, né le 22 mai 1900 à Lorient .Matricule 77259. Transféré à Dora, puis à Ellrich il y décèdait le 15 novembre 1944: il avait 44 ans.
Mathurin Le Bail, né le 27 novembre 1899 à Pont-Scorff .Matricule 77967. Transféré à Dora, puis à Ellrich et enfin dans la prison de Nordhausen où il décédait à une date inconnue: en tout cas il avait au moins 44 ans.
Georges Le Beuve, né le 13 juillet 1894 à Lorient. Matricule 77169.Transféré à Dora puis à Ellrich il y décédait le 13 novembre 1944: il avait 50 ans.
Georges Le Gal, né le 28 janvier 1894 à Plumelec. Matricule 77961. Il aurait été arrêté dans la ferme du Pelheu en Plumelec fin juillet 1944 lors d’une opération de traque aux FFI et aux SAS organisée par les SS après les combats de Saint -Marcel. Transféré à Dora, il décédait le 9 mai 1945 avant son rapatriement: il avait 51 ans.
André Louvet, né le 3 septembre 1921 à Le Palais . Matricule 77481. Transféré à Dora , puis à Ellrich il y décédait le 21 décembre 1944: il avait 23 ans.
Joseph Merlet, né le 22 août 1905 à Plumelec .Matricule 77272. Transféré à Dora , puis à Ellrich il y décédait le 4 novembre 1944: il avait 39 ans.
Victor Olivaux, né le 8 novembre 1912 à Ploërmel .Matricule 77672. Recruté en mai 1943, dans le corps franc Turma-Vengeance , par le commandant de gendarmerie Gustave Salomon, alias Chaise ou Anthéaume, né le 18 juillet 1897, Victor Olivaux, alias Thomas, était devenu responsable régional de ce mouvement en juin 1944, et continuait l’action malgré les arrestations qui, à partir de janvier 1944, avaient frappé l’organisation, dont celle de son père Firmin, mort à Tours le 9 juillet 1944, lors d’un transport vers l’Allemagne. ( voir sur ce site, notre notice sur Henri Calindre et Louis Chérel agents du BOA) Le 14 juillet 1944 , Victor se rendait chez le commandant Salomon qui habitait à Paris rue Tronchet, à l’angle de la place de la Madeleine. Selon Roger Le Roux ( opus cité page 321),« A Salomon qui ne veut pas descendre au café du rez-de-chaussée, il répond en plaisantant : « Un bon chouan fête la République ». Dès qu’ils y pénètrent, deux civils s’avancent vers eux et les arrêtent ». Les deux hommes étaient déportés.
Resté à Buchenwald, Gustave Salomon, Matricule 76818, était libéré le 11 avril 1945, tandis que Victor Olivaux, transféré à Ohrduf, kommando créé depuis août 1994 par les SS sur un terrain militaire pour des travaux de terrassement en vue de protéger des installations souterraines susceptibles d’abriter l’Etat major de la Wehrmacht et la réserve d’or de la Reichsbank, y décédait le 25 février 1945: il avait 32 ans.
Ernest Sanson, né le 21 janvier 1885 à St Jean Brevelay .Matricule 77273.Transféré à Dora , puis à Ellrich il y décédait le 9 novembre 1944: il avait 49 ans.

Revenaient de déportation:
Marcel Le Moing, né le 27 février 1921 à Kervignac. Matricule 77716. Transféré au kommando de Mulhausen ouvert en avril 1944 pour affecter les déportés à l’usine de la firme Junkers afin de fabriquer des fuselages puis à Flossenburg, il était libéré le 29 avril 1945 à Posing. En revanche, nous ignorons ce qu’il est advenu, après son transfert à Dora, de Maurice Couty, né le 2 avril 1906 à Lorient, Matricule 77327;
Louis Le Reste, né le 13 août 1923 à Pontivy. Matricule 77736. Transféré à Dora , puis à Dachau, il était libéré à une date et dans un lieu non déterminés;
Eugène Lomenech, né le 13 juillet 1912 à Guidel. Matricule 77387. Transféré à Dachau, il était libéré à une date et dans un lieu non déterminés;
Félix Moreau, né le 5 octobre 1917 à Hennebont. Matricule 78027. Transféré à Witten-Annen, kommando ouvert en septembre 1944, pour la fabrication de pièces d’armement pour la firme AGW, Il était libéré dans ce lieu en avril 1945.

La Libération du Camp :

Entre le 6 et le 10 avril 1945, les SS évacuèrent, en direction des camps de Flossenbürg, Dachau, Leitmeritz, Theresienstadt, plus de 26 000 déportés du camp, ainsi que les 9 000 déportés qui arrivaient du kommando d’Ohrdruf. Lors de ces marches de la mort près de 30.000 déportés furent massacrés. Le 11 avril 1945, vers 14 heures, les groupes de la Résistance interne du camp, entreprirent de  se libérer . Quand dans l’après-midi de ce même jour, les chars de l’armée Patton ouvrirent une brèche dans l’enceinte du camp, Buchenwald était sous le contrôle de la Résistance, ainsi que l’indique le journal de marche de la 4 ème division « Avant notre arrivée, les postes de garde ont été pris et 125 SS ont été capturés et sont internés dans le camp, où ils sont calmes. La direction du camp est entre les mains d’un comité bien organisé comportant toutes les nationalités représentées .»
Sur cette libération du camp,  voici le témoignage de Jorge Semprun dans son livre le Grand Voyage paru en 1963, livre qui porte plus particulièrement sur le transport du 27 janvier 1944 dont Semprum faisait partie. Pendant sa déportation Jorge Semprun a occupé des fonctions à l’Arbeitsstatistik.
« Dernier appel général des déportés le 3 avril. Plus de travail, sauf dans les services intérieurs de maintenance. Une attente sourde régnait à Buchenwald. Le commandant SS avait renforcé la surveillance, doublé les gardes des miradors. Les patrouilles étaient de plus en plus fréquentes sur le chemin de ronde, au-delà de l’enceinte de barbelés électrifiés.
Une semaine, ainsi, dans l’attente. Le bruit de la bataille se rapprochait.
A Berlin, la décision fut prise d’évacuer le camp, mais l’ordre ne fut exécuté qu’en partie. Le comité international clandestin organisa aussitôt une résistance passive. Les déportés ne se présentèrent pas aux appels destinés à les regrouper pour le départ. Des détachements SS furent alors lâchés dans les profondeurs du camp, armés jusqu’aux dents mais apeurés par l’immensité de Buchenwald et par la masse décidée et insaisissable de dizaines de milliers d’hommes encore valides.
Les SS tiraient parfois en rafales aveugles, essayant de contraindre les déportés à se rassembler sur la place d’appel.
Mais comment terroriser une foule déterminée par le désespoir, se trouvant au-delà du seuil de la mort ?…. Sur les cinquante mille détenus de Buchenwald, les SS ne parvinrent à évacuer qu’à peine la moitié ; les plus faibles, les plus âgés, les moins organisés. Ou alors ceux qui, comme les Polonais, avaient collectivement préféré l’aventure sur les routes de l’évacuation à l’attente d’une bataille indécise. D’un massacre probable de dernière heure. On savait que des équipes SS armées de lance-flammes étaient arrivées à Buchenwald…
Le 11 avril…peu avant midi, la sirène d’alerte avait retenti, mugissant par coups brefs, répétés de façon lancinante.
Feindalarm, Feindalarm !
L’ennemi était aux portes : la liberté.
[Ce 11 avril 1945],les groupes de combat se sont alors rassemblés aux points fixés d’avance. A quinze heures, le comité militaire clandestin a donné l’ordre de passer à l’action. Des copains ont surgi soudain, les bras chargés d’armes. Des fusils automatiques, des mitraillettes, quelques grenades à manche, des parabellums, des bazookas… Des armes volées dans les casernes SS, lors du désordre provoqué par le bombardement aérien d’août 1944, en particulier. Ou abandonnées par des sentinelles dans les trains qui ramenèrent les survivants juifs d’Auschwitz, en plein hiver. Ou bien sorties en pièces détachées des usines Gustloff, montées ensuite dans le camp…
…Les groupes de choc des Espagnols étaient massés dans une aile du rez-de-chaussée du block 40, le mien.
Dans l’allée, entre ce block et le 34 des Français, Palazon est apparu, suivi de ceux qui portaient les armes, au pas de course… Nous avions sauté par les fenêtres ouvertes, en hurlant aussi. Chacun savait quelle arme lui était destinée, quel chemin prendre, quel objectif atteindre.
Désarmés, mêlés à la foule hagarde, affamée, désorientée, des dimanches après-midi, nous avions déjà répété ces gestes, parcouru cet itinéraire: l’élan était devenu réflexe.
A quinze heures trente, la tour de contrôle et les miradors avaient été occupés. Le communiste allemand Hans Eiden, l’un des doyens de Buchenwald, pouvait s’adresser aux détenus à travers les haut-parleurs du camp. Plus tard, nous marchions sur Weimar, en armes. Nuit tombée, les blindés de Patton nous rattrapaient sur la route. Leurs équipages découvraient, ébahis tout d’abord, exultant après nos explications, ces bandes armées, ces étranges soldats en haillons. On échangeait des mots de reconnaissance dans toutes les langues de la vieille Europe, sur la colline de l’Ettersberg [ qui domine le camp et le sépare de quelques kilomètres de Weimar]».

Le 16 avril 1945, abasourdis par ce qu’ils avaient découvert dans ce camp, l’un des  premiers, sinon le premier  qu’ils « libéraient», les Américains contraignaient les habitants de Weimar à venir s’incliner devant les morts, et à défiler devant ceux qu’ils avaient regardés passer dans les rues de la ville,  indifférents ou impuissants à leur venir en aide.
Le 19 avril 1945, les 21 000 détenus présents dans le camp faisaient le serment « de continuer le combat jusqu’à l’éradication définitive du nazisme, et de s’engager à reconstruire un monde de paix et de liberté » contre toutes les formes de terreur raciste et xénophobe, pour la paix et la démocratie.
Ils se sont rassemblés sur la place d’appel pour prendre part à la cérémonie de commémoration, initiée par le Comité International de Résistance du camp, devant un obélisque en bois entouré d’une couronne de lauriers, réalisé par les prisonniers, pour leurs camarades déportés morts ou assassinés, obélisque sur lequel était porté le nombre 51.000 ( chiffre alors supposé du nombre des victimes).
« Nous, les détenus de Buchenwald, nous sommes venus aujourd’hui pour honorer les 51.000 prisonniers assassinés à Buchenwald et dans les kommandos extérieurs par les brutes nazies et leurs complices.
51.000 des nôtres ont été fusillés, pendus, écrasés, frappés à mort, étouffés, noyés et tués par piqûres.
51.000 pères, frères, fils sont morts d’une mort pleine de souffrance, parce qu’ils ont lutté contre le régime des assassins fascistes.
51.000 mères, épouses et des centaines de milliers d’enfants accusent.
Nous, qui sommes restés en vie et qui sommes des témoins de la brutalité nazie, avons regardé, avec une rage impuissante, la mort de nos camarades. Si quelque chose nous a aidés à survivre, c’était l’idée que le jour de la justice arriverait.
…. Nous, ceux de Buchenwald, Russes, Français, Polonais, Slovaques et Allemands, Espagnols, Italiens et Autrichiens, Belges et Hollandais, Luxembourgeois, Roumains, Yougoslaves et Hongrois, nous avons lutté en commun contre les SS, contre les criminels nazis, pour notre libération.
…..Les drapeaux flottent encore et les assassins de nos camarades sont encore en vie. Nos tortionnaires sadiques sont encore en liberté. C’est pour ça que nous jurons, sur ces lieux de crimes fascistes, devant le monde entier, que nous abandonnerons seulement la lutte quand le dernier des responsables sera condamné devant le tribunal de toutes les Nations. L’écrasement définitif du nazisme est notre tâche.
NOTRE IDÉAL EST LA CONSTRUCTION D’UN MONDE NOUVEAU DANS LA PAIX ET LA LIBERTÉ.
Nous le devons à nos camarades tués et à leurs familles. Levez vos mains et jurez pour démontrer que vous êtes prêts à la lutte » .

Récapitulatif établi par Katherine Le Port
à partir des renseignements contenus
dans les listes du Livre Mémorial des Déportés de France arrêtés par mesure de répression publié par la Fondation pour la Mémoire de la Déportation,
et de l’ouvrage de Roger Le Roux Le Morbihan en guerre

(1) Weimar, ville symbole de la culture allemande, où vécurent notamment Lucas Cranac’h, Jean-Sébastien Bach, Goethe, Schiller. Un chêne à l’intérieur du camp de Buchenwald était d’ailleurs appelé « le chêne de Goethe » . Lors du bombardement du 24 août 1944, celui-ci fut foudroyé et brûla pendant trois jours avant de s’abattre, ce qui, pour certains détenus, raviva la veille légende selon laquelle le Reich s’effondrerait peu après la mort du chêne. Un « bobard » , pour reprendre l’expression de Germine Tillion, sans doute alors porteur d’espoir. (2) voir le témoignage sur Dora de Roger Postollec né le 05/11/1908 à à Lanrodec(22) déporté le 27/04/1944 à Auschwitz Matricule 186263, puis transféré le 12 mai à Buchenwald, dans le numéro 119 page 9 de la revue de la Résistance bretonne Ami Entends-tu ;

 (3) voir le témoignage d’Erling Hansen, né le 13/03/1909 à Plérin (22), médecin, déporté le 22/01/1944 à Buchenwald Matricule 42679, affecté à « l’hôpital du camp » , dans le numéro 119 page 10 de la revue de la Résistance bretonne Ami Entends-tu;

(4) voir le récit de Jean Le Levrier né le 01/07/1924 à Lanrodec (22), déporté le 27/01/1943 à Buchenwald, Matricule 44703, sur la libération du camps, dans les numéros 119 pages 7 et 8 et 121 page 9 de la revue de la Résistance bretonne Ami Entends-tu .

(5) voir le témoignage sur le kommando de Wansleben de Désiré Guillard né le 30/11/1920 à St Ygneuc( 22) déporté le 27/01/1944 à Buchenwald Matricule 43475, dans le numéro 123 page 12 de la revue de la Résistance bretonne Ami Entends-tu ;

Ces revues sont en ligne sur le site «Lesamisdelaresistancedufinistère»

P.S si vous voyez des inexactitudes, merci de nous en informer; si vous souhaitez voir mettre en ligne sur notre site des documents, photographies ou un hommage personnel à la mémoire de l’un ou l’autre des patriotes évoqués, merci de nous les transmettre.

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