ORIGINAIRES DU MORBIHAN, CES PATRIOTES FURENT DÉPORTÉS AU KL DACHAU :

au moins 15 d’entre eux périrent dans les camps nazis :

le plus jeune avait 18 ans, le plus âgé 40 ans.

Quelques données historiques sur ce camp :

Le camp de Dachau était situé en Bavière, une vingtaine de kilomètres au nord de Munich. C’était le premier camp de concentration créé par les nazis, le 20 mars 1933, soit seulement sept semaines après l’accession d’Adolf Hitler au pouvoir, camp installé à  l’origine dans les baraquements d’une fabrique d’explosifs  désaffectée, datant de la guerre 1914/1918.

Le 1 octobre 1933, à  la demande d’Himmler, le SS Eicke, premier commandant du camp,  mettait en place le règlement du camp, modèle futur pour tous les camps de concentration dirigés par les SS. Il y introduisait la peine de mort pour toutes sortes de motifs, laissés à  l’arbitraire absolu des SS, mais aussi tout un ensemble de sévices destinés à maintenir le détenu dans la terreur et à  le déshumaniser, tels que bastonnades, appels interminables, travail forcé, famine, perte d’identité au profit d’un numéro, tortures, cachot….Dès le 4 juillet 1934, après la nuit des Longs Couteaux, Himmler nommait Eicke « Inspecteur des Camps de concentration du Reich », les camps étant désormais placés sous l’autorité exclusive des SS.

Les premiers détenus, étaient tous des opposants au nouveau régime, sociaux-démocrates, communistes et quelques monarchistes. A partir de 1936, selon la méthode préconisée par Eicke, pour casser la solidarité régnant parmi les politiques, d’autres détenus étaient internés à Dachau, Tziganes, Témoins de Jéhovah, homosexuels et droits communs.

En 1937, l’ancienne fabrique de munitions étant désormais beaucoup trop petite pour les 5 000 détenus qui y étaient logés, La SS ouvrait le chantier du nouveau camp, construction réalisée sur une année par les détenus eux mêmes. De part et d’autre de la « Lagerstraße », la « route du camp », se trouvaient 15 baraques d’habitation, les « Blocks », un « Bunker » avec 136 cellules, des bâtiments administratifs, une cuisine et l’ « Appelplatz » ou place d’appel, l’ensemble étant entouré d’un réseau de clôtures électrifiées, de fossés, murs et de 7 miradors

Avec le début de la guerre, le camp de Dachau était évacué et les détenus dirigés vers d’autres camps comme Flossenbürg ou Mauthausen, le camp lui -même étant fermé le 26 octobre 1939. Il était réouvert le 18 février 1940, et agrandi selon un plan qui allait devenir le modèle pour tous les autres camps : un rectangle orienté nord-sud, en son centre une vaste place d’appel entourée d’un côté de deux rangées de 17 Blocks destinés aux détenus, de l’autre de bâtiments administratifs : bureaux, magasins, ateliers, cuisines… Chaque Block comportait quatre chambres «Stube» soixante-quinze lits disposés en trois étages superposés, chacun des blocks d’habitation pouvant contenir jusqu’ à 300 détenus. A l’intérieur du camp principal, les Kommandos de travail étaient ceux des divers ateliers : menuiserie, serrurerie, sellerie, confection, maçonnerie, boulangerie, boucherie, jardinage. Ce camp destiné aux détenus était bien sûr toujours entouré d’un réseau de clôtures électrifiées, de fossés, murs et de miradors. Sur le portail d’entrée, en fer forgé, était inscrite la devise « Arbeit Macht Frei: Le travail rend libre » Enfin, le camp s’intégrait dans une véritable ville qui comprenait : un QG de la Waffen SS, des casernes, des usines, des armureries, ainsi que des villas cossues destinées aux officiers et leurs familles. Cette ville, avec ses routes et ses voies ferrées, était entourée sur des dizaines de kilomètres par de hautes murailles.

A partir de 1943, de nombreux camps-Kommandos extérieurs, plus de 160, étaient créés, dont le plus important était celui d’Allach qui compta jusqu’ 14 000 détenus, ( 1)et comprenait une manufacture de porcelaine SS « Porzellan-Manufaktur-Allach-München GmbH », une usine BMW, des chantiers de l’Organisation Todt. Parmi les autres Kommandos où furent notamment transférés des déportés originaires du Morbihan, il y avait ceux d’ Augsburg avec des usines d’armement appartenant la SS, de Blaichach (2), avec des ateliers pour BMW, de Kottern avec des ateliers travaillant pour la firme Messerschmitt.

Si une chambre gaz a été installée Dachau, il semble qu’elle n’ait été utilisée que pour des expériences sur les gaz de combat. En effet , le camp de Dachau ne se prêtait pas l’extermination massive. Non seulement le nombre de fours suffisait à  peine à  l’incinération des corps des détenus, mais compte tenu du «secret» voulu par les SS, il semblait peu envisageable de mettre en place de telles installations si près de Münich. C’est sans doute ce qui explique les transports de prisonniers qui partaient pour Linz, c’est dire le château de Hartheim, où étaient gazés les détenus déclarés « inaptes au travail ».

Le camp de Dachau a aussi présenté quelques caractéristiques propres comme, partir de la fin de 1940, après une convention ratifiée entre le IIIe Reich et le Vatican, le regroupement des prêtres de toutes nationalités initialement dispersés dans des prisons ou d’autres camps de concentration. Toutefois, ce regroupement ne devint systématique qu’ à partir de novembre 1944. 2 271 religieux dont 156 français ont été détenus Dachau, 700 d’entre eux décédaient dans le camp et 300 disparaissaient au cours des transports d’évacuation.

A Dachau furent aussi internés des « Prisonniers d’honneur », non astreints au travail forcé. Il s’agissait de personnalités publiques que le régime tenait à  conserver pour des échanges éventuels : ainsi le pasteur Niemöller, des officiers anglais de l’Intelligence Service, les « Officiers légionnaires » roumains qui avaient tenté de renverser Antonescu, et début 1945, Léon Blum venant de Buchenwald, Kurt von Schuschnigg, Mgr Piguet, évêque de Clermont, Xavier de Bourbon Parme, Edouard Daladier, un Prince Hohenzollern…

En revanche, manifestement les nazis n’avaient envisagé aucun échange pour une autre personnalité, le général Charles Delestraint, alias «Vidal » né le 12 mars 1879, chef de l’Armée Secr te, déporté NN le 9 mars 1944 au KL Natzweiller, puis transféré Dachau en septembre 1944. En effet, celui-ci fut exécuté à Dachau, le 19 avril 1945 vers 11 heures, il avait 66 ans. Conduit dans les bureaux du commandement, il fut ensuite dirigé vers le four crématoire. Lors de ce parcours, un SS le frappa avec une telle violence qu’il lui brisait plusieurs dents. Puis, devant le crématoire, un autre SS l’abattait d’une balle dans la nuque, le corps étant immédiatement brûlé. Une «exécution sans phrase ... d’un homme qui, fier et digne jusqu’au dernier instant, avait fait au camp l’unité de tous les Français » selon le témoignage du déporté Jacques Sommet ( 3). 10 jours plus tard, le 29 avril 1945, le camp était libéré par les soldats américains.

Les premiers français arrivés dès l’été 1940 au camp, avaient été arrêtés dans les départements français annexés au Reich. Plus de 2 100 travailleurs civils et prisonniers de guerre arrêtés sur le territoire du Reich ont également été déportés dans ce camp. Les autres français arrivérent partir de 1943, comme Edmond Michelet, déporté le 30 août 1943 dans le camp de Neue-Bremm puis transféré à Dachau le 15 septembre 1943. Les transports les plus importants ont quitté la France notamment de Compiègne, Dijon, Lyon et Bordeaux entre le 20 juin et le 28 août 1944. 12.500 français environ ont été immatriculés dans ce camp.

Le 26 avril 1945, alors qu’une épidémie de typhus sévissait dans le camp depuis décembre 1944 et causait de nombreux décès, les SS organisaient l’évacuation de 7 000 détenus vers le Sud de L’Allemagne. Ces différentes colonnes de déportés ne pouvaient être libérées qu’au début du mois de mai par les troupes alliées.

Avant même d’ entrer dans le camp de Dachau et le libérer le 29 avril 1945, les soldats américains des  4ème  et  42 éme  divisions d’infanterie, avaient découvert une trentaine de wagons de marchandises, qui avaient transportés plus d’un millier de déportés juifs extraits du camp de Buchenwald, et avaient été abandonnés le long d’une voie ferrée, les wagons ne contenant plus que des cadavres .

Si lors de l’entrée des soldats Américains dans le camp, 32 335 détenus y survivaient, dans les jours qui suivirent 3 147 hommes allaient encore y mourir .

Plusieurs procès eurent lieu concernant Dachau, et notamment celui concernant le dernier commandant du camp Martin Gabriel Weiss, et 39 autres SS qui s’est tenu du 15 novembre au 13 décembre 1945 l’intérieur même du camp de Dachau.Weiss fut condamné à mort et exécuté le 29 mai 1946. En revanche, si d’autres SS responsables de ce camp, tels que Fritz Degelow , Sylvester Filleböck, Otto Schulz et Friedrich Weitzel furent également condamnés mort, ils virent tous leur peine commuée à  20 voire 10 ans d’emprisonnement.

Plus de 200 000 déportés sont passés par Dachau et ses Kommandos, dont au moins 31 591 sont décédés dans le camp central .

Voici les convois partis, pour la plupart de Compiègne, vers le KL Dachau , convois dans lesquels ont été déportés 69 patriotes originaires du Morbihan :

Convoi parti de Compiègne le 18 juin 1944

Premier transport important parti directement de Compiègne vers Dachau, ce convoi emportait dans une vingtaine de wagons bestiaux, 2139 hommes, arrêtés le plus souvent pour des actes de résistance, dont au moins 476 allaient mourir ou disparaître dans les camps nazis. (3)

Parmi ces déportés, originaires du Morbihan, trouvaient la mort en Allemagne :

Jean Bernard, né le 9 septembre 1921 à  Meslan, Matricule 72379. Transféré au KL Flossenbürg, Jean fut affecté dans un des Kommandos dépendant de ce camp, celui d’ Hersbruck, à 30 km de Nuremberg, Kommando créé pour l’installation d’une usine souterraine, les détenus travaillant à  déblayer les roches dynamitées pour aménager des galeries. Il décédait le 25 novembre 1944, il avait 23 ans.

Marcel Ganne, né le 14 janvier 1920 à   Guilliers, Matricule 74343. Transféré au KL Bergen-Belsen, camp mouroir, Marcel y décédait le 20 mars 1945, il avait 25 ans.

Revenaient de déportation:

Libérés à Dachau le 29 avril 1945 : Marcel Le Chevallier, né le 4 mars 1920 à Vannes, Matricule 73653; Jean-Marie Tasle, né le 26 avril 1902 à  Pontivy, Matricule 72961.

Libérés le 28 avril 1945 au Kommando de Kottern : Louis Brevellec, né le 6 mars 1910 à  Locmiquélic, Matricule 72331; Gérard Le Ny, né le 16 mai 1916 Lorient. Matricule 72706.

Libérés le 30 avril 1945 au Kommando d’Allach : Louis Auffret, né le 7 novembre 1912 à  Lorient, Matricule 72294; Pierre Bihannic, né le 10 mars 1914 à Plouay. Matricule 72390 ; Louis Cantin, né le 18 mai 1917 à  Larmor Plage, Matricule 72353 ; André Grimaud, né le 21 janvier 1922 à Guer, Matricule 73532 ; Jean Guillemont, né le 24 juillet 1920 à  Guiscriff, Matricule 74352 ; Louis Lozachmeur, né le 26 juillet 1924 à Lorient, Matricule 72731.

Quant à   Maurice Perron, né le 28 octobre 1920 à  Lorient, Matricule 72844, il était transféré au KL Mauthausen , où  il était libéré le 5 mai avril 1945. En revanche, nous ignorons si Pierre Le Dantec, né le 31 mars 1924 à  Languidic, Matricule 72696, transféré Buchenwald est revenu de déportation.

Convois partis de Besançon, Bordeaux et Lyon entre le 24 et 29 juin 1944

Après le débarquement en Normandie, les Allemands décidaient de faire également partir des convois de détenus directement des prisons de villes de province vers des camps de concentration et particulièrement vers celui de Dachau. Par ces convois, quelques 1293 hommes étaient ainsi déportés dans ce camp dont au moins 624 allaient mourir ou disparaître en Allemagne. Dans le convoi parti de Bordeaux le 28 juin et arrivé le 7 juillet 1944 à Dachau se trouvait Joseph Fily, né le 26 avril 1891 à Vannes, Matricule 78227. Resté Dachau Joseph y était libéré le 29 avril 1945.

Convoi parti de Compiègne le 2 juillet 1944

Ce transport est le cinquième parti de France à prendre la direction du KL Dachau depuis le débarquement de Normandie. C’est aussi le plus important qui ait jamais quitté Compiègne. Il est resté connu sous le nom de « Train de la mort » en raison du nombre élevé des décès survenus durant le trajet. Les 2152 hommes qui composaient ce transport appartenaient  à dix-huit nationalités différentes, néanmoins les déportés français étaient les plus nombreux soit 2018 hommes. Quelques uns d’entre eux avaient été arrêtés dès la fin 1940, en particulier des communistes ou des droit commun, mais la plupart l’avaient été en 1944, notamment en mai et juin 1944. Après quelques jours ou semaines de prison, ces derniers étaient transférés au camp de Compiègne-Royallieu, le plus grand nombre y étant arrivé en juin 1944. Ce transport du 2 juillet s’inscrit dans le contexte du début de la libération du territoire français par les troupes alliées, alors que depuis plusieurs mois la répression allemande s’était amplifiée en raison du développement de la lutte armée des maquis contre l’occupant. Le démantèlement des groupes de résistance et les rafles de représailles furent à  l’origine de la plupart des arrestations, les noms de près de 150 réseaux ou mouvements ayant ainsi été relevés pour les déportés de ce convoi.

Dans chacun des 22 wagons du train N° 7909 qui quittait Compiègne vers 9 heures ce 2 juillet, les nazis avaient entassé une centaine d’hommes. A 11 heures 05, le sabotage de la voie obligeait le train s’arrêter pendant trois heures sous un soleil de plomb au niveau de Saint-Brice, quelques kilomètres avant Reims où le train s’immobilisait nouveau. La chaleur, le manque d’eau et l’asphyxie auraient déjà provoqué  une centaine de décès Le convoi repartait vers 15 heures 10, mais, après un court trajet, un nouveau sabotage était à l’origine du déraillement de la locomotive au niveau de l’aiguillage du dépôt de Bétheny. Les wagons étaient ramenés par un tracteur de manœuvre à  la gare de Reims, sur une voie de garage, où  ils stationnaient en plein soleil en attendant le relèvement de la locomotive. Les morts se succédaient pendant ce long arrêt alors que la chaleur était devenue suffocante. Dans certains wagons, les hommes, bout de souffrance, sombraient dans la folie et s’entre-tuaient. Vers 20 heures, le train reprenait sa route vers l’Est et roulait toute la nuit, pour s’arrêter, le 3 juillet, en fin de matinée, Revigny, quelques kilomètres au nord-ouest de Bar-le -Duc. Les cadavres de la veille commençant se décomposer, les Allemands se décidaient ouvrir les portes et faisaient enlever les corps de leurs camarades par des détenus, les agonisants étant achevés sur le ballast d’une balle dans la tête. En soirée, le convoi franchissait la Moselle et s’arrêtait vers 21 heures 50 en gare de Novéant, devenue gare-frontière depuis l’annexion de fait de l’Alsace-Moselle. Le 4 juillet au matin, le train quittait Novéant vers 7 heures 15 en direction de Sarrebourg où il s’immobilisait en fin de matinée. Alors que des infirmières de la Croix-Rouge allemande distribuaient de la soupe et de l’eau, les SS mettaient fin brutalement à ce ravitaillement et ordonnaient le départ du train qui passait par Strasbourg, Karlsruhe, Pforzheim, Stuttgart, Ulm, Burgau, Augsbourg et Munich, ville où il effectuait un dernier arrêt, avant d’atteindre la gare de Dachau le mercredi 5 juillet vers 15 heures. Une heure et demie plus tard, les survivants atteignaient,  le  KL Dachau . Là  les corps sans vie étaient retirés du train, puis transportés directement au crématoire sans être enregistrés.

Au moins 519 déportés seraient morts pendant le trajet de Compiègne à Buchenwald. Dans quelques huit wagons, aucune victime ne fut recensée, les témoignages des survivants, montrant que les détenus étaient parvenus s’organiser pour rationner l’eau, et mettre en place des rotations vers les lucarnes afin que tout le monde pût bénéficier d’un peu d’air frais.

Parmi les victimes décédées lors du transport, originaires du Morbihan, se trouvaient :

Georges Huet, né le 19 juin 1921 à  Lorient, il avait 23 ans; Emmanuel Jaffré, né le 17 juillet 1926 à  Pontivy, il n’avait pas encore 18 ans; Jean Le Bris, né le 1 janvier 1904 à  Roudouallec, il avait 40 ans; Jacques Le Guennec, né le 12 janvier 1925 à  Roudouallec, il avait 19 ans; Désiré Piquet, né le 29 mars 1913 à  Néant sur Yvel, il avait 31 ans; Joseph Yhuellou, né le 17 septembre 1924 à  Le Faouët, il n’avait pas encore 20 ans;

Parmi les 1633 hommes de ce convoi arrivés et  immatriculés à Dachau les 5 et 6 juillet 1944, seuls 156 détenus restaient au camp central. Après une période de quarantaine plus ou moins longue, les autres furent affectés dans divers camps de concentration ou Kommandos de travail extérieurs. Dès la fin juillet, au moins 863 détenus furent dirigés sur des Kommandos de la vallée du Neckar administrés par le KL Natzweiler, dont celui de Neckarelzèpr s de Mannheim, où les déportés travaillaient dans des mines. Puis le 25 août au moins 199 détenus étaient transférés au Kommando d’Hersbruck dépendant du KL Flossenburg, où 171 trouvèrent la mort soit près de 86%.

Dans le camp central ou ses divers kommandos, comme lors des évacutations, au moins 690 déportés allaient mourir ou disparaître.

Parmi ces déportés, originaires du Morbihan, trouvaient la mort en Allemagne :

François Ihuel, né le 7 avril 1915 à  Hennebont, Matricule 76960. Transféré au Kommando d’ Hersbruck, et enfin au KL Flossenbürg où il décédait le 8 novembre 1944, il avait 29 ans.

André Le Botlan, né le 14 novembre 1904 à  Cléguérec, Matricule 77030. Il était transféré au Kommando de Neckarelz il y décédait le 18 mars 1945, il avait 40 ans. Décédaient également dans ce Kommando, Honoré Le Bail, né le 23 décembre 1906 à Inguiniel, Matricule 77028, le 5 février 1945, il avait 38 ans, et, une date ignorée, Alexis Pedron, né le 18 mars 1920 à Berric, Matricule 77243, il avait 24 ans lors de sa déportation.

Olivier Picot de Plédran, né le 22 août 1925 à Quiberon, Matricule 78019, il décédait le 16 mars 1945, dans un lieu indéterminé, il avait 19 ans .

Revenaient de déportation:

Libérés à Dachau le 29 avril 1945 : Bertrand Dubreuil, né le 15 février 1924 à Elven, Matricule 76757; Roger Fritsch, né le 7 juillet 1914 à Lorient, Matricule 76832 ; Pierre Gloux, né le 30 juillet 1924 à Inguiniel, Matricule 76882; Louis Le Page, né le 7 janvier 1924 à Séglien, Matricule 77065 ; Alain Marsille, né le 4 mars 1920 à Vannes. Matricule 77115 ; Georges Picote, né le 14 juillet 1918 à  Lorient. Matricule 77278 ; Yves Pouleriguen, né le 30 ao t 1918 à Langonnet. Matricule 77304;

Libéré le 5 avril 1945 au Kommando de Neckarelz : Alphonse Juhel, né le 14 décembre 1919 à Languidic, Matricule 76971;

Libéré le 8 avril 1945 au Kommando de Vaihengen dépendant du KL Natzweiller: Mathurin Le Leuch, né le 26 juin 1913 Plumergat, Matricule 77054.

Libérés le 30 avril 1945 au Kommando d’Allach : Pierre Giquel, né le 21 juillet 1921 à  Le Faouet, Matricule 76870; Emile Joubaud, né le 26 juin 1916 à Cléguérec, Matricule 76966; Marcel Le Bean, né le 2 août 1920 à Lorient, Matricule 77029; Louis Le Roux, né le 19 juin 1922 à  Lanvegen, Matricule 77074.

Libérés le 2 mai 1945 de la Baubrigade de Bad Tolz: Albert Le Coguic,* né le 31 mars 1922 à  Priziac, Matricule 77037; César Le Nevé, né le 12 juin 1926 à Inguiniel. Matricule 77062;

Libérés une date et dans un lieu non déterminés : Jean Denfornie, né le 25 avril 1921 à  Priziac, Matricule 77251; Jean Guennec, né le 25 juin 1917 à Languidic, Matricule 76909; Joseph Le Coq, né le 20 juin 1924 à Pontivy, Matricule 77038; Jean Le Sausse, né le 23 juin 1896 à Lorient, Matricule 77077.

En revanche, nous ignorons si André Le Gardiec, né le 9 janvier 1922 à   Calan, Matricule 77033, est revenu de déportation, ce qui est aussi le cas pour Jean Le Noullec, né le 13 mars 1924 à  St Caradec-Trégomel, Matricule 77057 et Julien Sénéchal, né le 2 février 1917 à Languidic, Matricule 77405.

Convoi parti de Bordeaux, le 9 août et arrivé Dachau le 28 août 1944

Au cours de l’été 1944, compte tenu de l’avance des armées alliées, les autorités allemandes décidèrent d’organiser des transports d’évacuation, partir du regroupement de personnes, soit retenues dans centres d’internement où se trouvaient notamment des familles juives, soit incarcérées dans des prisons françaises. 4 grands convois regroupant hommes et femmes furent formés, dont celui parti de Bordeaux, le 9 août, appelé  « le train fantôme» compte tenu de son parcours erratique. En effet, formé tout d’abord avec des internés extraits d’un camp de l’Ariège et de la prison de Toulouse, le train avait quitté cette ville le 30 juillet pour Bordeaux d’où il repartait le soir-même. Suite à des bombardements dans la région d’Angoulème, ce convoi revenait Bordeaux d’où il repartait le 9 août . Ainsi 64 femmes et 548 hommes furent intégrés dans ce convoi, les hommes arrivant au KL Dachau le 28 août 1944, après être passés  par Nimes, Avignon, Lyon, Toul, Sarrebruck, les femmes arrivant Ravensbrück, le 30 août 1944. Au moins 15 femmes et 199 hommes de ce convoi allaient mourir ou disparaître en Allemagne.

Déportés dans ce convoi, revenaient de déportation, Jean Biradon, né le 28 juin 1918 à Billiers, Matricule 94294, libéré au Kommando d’Ebensee, le 6 mai 1945, et François Gérard, né le 19 octobre 1924 à Lorient, Matricule 94349, transféré au Kommando d’Augsburg où il était libéré une date ignorée .

Arrêtés sur le territoire du III ème Reich et déportés à Dachau

Le KL Dachau a été le camp de concentration dans lequel a été déporté le plus grand nombre de Français arrêtés sur le territoire du IIIe Reich: 2 145 hommes y ont été internés après leur arrestation, soit environ le tiers des hommes et des femmes déportés depuis le Reich. Ces 2 145 déportés représentent donc une part non négligeable par rapport aux quelques 12 500 Français qui sont passés à  un moment ou à  un autre de leur déportation par le camp de Dachau. Au moins 466 de ces déportés allaient mourir ou disparaître dans un camp nazi.

Selon les recherches de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, le groupe le plus important des français arrêtés en Allemagne était formé par les travailleurs contraints au travail en Allemagne (requis et STO) puisqu’ils représentaient environ 40 % du nombre total des déportés. Venaient ensuite les travailleurs volontaires avec 25 % environ, suivis par les prisonniers de guerre transformés ou non en travailleurs civils avec 15 % environ. Enfin, un groupe de travailleurs, dont la nature du départ de France, forcé ou volontaire, reste ignorée, compterait pour 10 %. La première arrestation connue, celle d’un ancien membre des brigades internationales, eut lieu à  Pforzheim, à  5 kilom tres l’est du Rhin, le 28 janvier 1941, cet homme étant immatriculé au camp en avril 1941 dans la série des « 24000 ». Quant à la dernière, elle se produisit le 20 avril 1945 l’encontre d’ un prisonnier de guerre transformé en «STO » et d’un travailleur volontaire, arrêtés tous les deux Munich pour des actes de résistance individuelle. Ils entraient à Dachau le 27 avril, soit deux jours seulement avant la libération du camp par les troupes américaines. Concernant les 1 081 déportés dont les dates d’arrestation sont connues, ces derniers  se répartissent comme suit : 3 en 1941, 30 en 1942, 286 en 1943, 636 en 1944 et 126 en 1945. Là  encore, ce fut surtout partir de l’été 1944, après le débarquement et l’avance des Alliés, que la répression s’aggrava. Ces événements étaient, en effet, à  l’origine de la multiplication des actes d’opposition par les travailleurs français en Allemagne. Ainsi, plus du tiers des arrestations de l’année 1944 étaient opérées au cours du seul mois de septembre. Les causes principales de ces arrestations étaient les actes d’opposition suivants, au régime nazi:

- refus du travail;

- actes de propagande et notamment écoute des radios alliées;

- aide aux prisonniers de guerre;

les infractions de droit commun (vol, recel, marché noir…) n’intervenant que dans moins de 2 % des arrestations.

Parmi les hommes originaires du Morbihan, arrêtés en Allemagne et déportés à  Dachau, allaient mourir dans un camp nazi:

Jean Evanno, né le 27 juillet 1918 à  Lorient, Matricule 62219, transféré à Natzweiler où  il décédait le 26 mai 1944: il avait 26 ans;

Pierre Rouillé né le 30 septembre 1917 à Lanester, Matricule 91103, transféré à Mauthausen puis au Kommando de St Valentin où il décédait le 24 janvier 1945: il avait 27 ans.

Revenaient de déportation:

Libérés à Dachau le 29 avril 1945 :

Henri Desbarre, né le 04 juillet 1925 à Neuillac, Matricule 126596; Jean Rio, né le 19 décembre 1911 à Pluméliau, Matricule 92516.

Libéré le 19 avril 1945 au Kommando de Blaichach :

Sylvestre Le Hays, né le 29 novembre 1923 à Plouay, Matricule 69424.

Libéré le 30 avril 1945 au Kommando d’Allach :

Guy Bellego, né le 02 juin 1917 à Vannes, Matricule 70646.

Jean Pradic, né le 06 septembre 1920 à Quiberon, Matricule 98003, transféré au KL Mauthausen, était libéré le 5 mai avril 1945. Quant à Noël Le Gouellec, né le 23 décembre 1908 à Pontivy, Matricule 48455, et Eugène Rio, né le 01 août 1924 à  Lorient, Matricule 118017, ils avaient été libérés à  l’issue de l’exécution de leur peine, le premier le 29 juillet 1943, le second le 28 octobre 1944.

Récapitulatif établi par Katherine Le Port

à partir des renseignements contenus

dans les listes du Livre Mémorial des Déportés de France

arrêtés par mesure de répression

publié par la Fondation pour la Mémoire de la Déportation,

aux Editions Tirésisas

Tome I page 175,  Tome II pages 1081/1082, Tome IV pages 8/9

et dans l’article « Dachau, camp de concentration nazi »

en ligne sur le site www.encyclopedie.bseditions

* Selon Roger Le Roux dans « Le Morbihan en guerre », pages 507/508, à partir de la mi-juin 1944, les rafles se multipliaient dans le département, l’armée allemande, les  S.D. du Faouët et de Guéméné et les miliciens bretons qui les  secondaient s’efforçant de découvrir et de liquider les maquis. Ainsi un milicien avait réussi à s’infiltrer dans le maquis de Priziac en racontant qu’il était pourchassé par la Gestapo. Le 18 juin 1944, sur ses indications, le S.D. de Guéméné faisait cerner le bourg de Ploërdut. Auraient été arrêtés Georges Baucher, instituteur, ainsi que Pierre Le Coguic, commis boucher, Joseph Palaric, mécanicien, sa fille Irène. Joseph Palaric était fusillé le 6 juillet 1944 à Lann-Dordu en Berné , les trois autres jeunes gens ont été déportés. Si Pierre et Irène sont  revenus dans leur pays,  nous ignorons ce qu’il est advenu de Georges Baucher.

( 1) Voici quelques extraits du témoignage de Marcel Rivierre déporté le 18 juin 1944, matricule 73945,  sur le Kommando d’Allach

« La population du camp d’Allach, prévu pour 3 500 détenus, devait atteindre en mars 1945, 14 000 détenus… Comme ailleurs, on était Allach un mort civil. Retranché du monde. Sans nouvelles des siens, sans colis. Un matricule… Dès le lendemain de leur arrivée les nouveaux « pensionnaires » étaient rassemblés sur l’une des places du camp. Là, ils étaient interrogés sur leurs spécialités et antécédents professionnels et offerts, presqu’ à l’encan, au choix des délégués de différentes entreprises convoqués pour la circonstance… C’est de ce « marché aux esclaves» que dépendait généralement l’affectation du détenu dans un kommando, et par conséquent sa vie ou sa mort… ainsi, épouvantables étaient les kommandos dits « des terrasses » auxquels, pour le compte d’une entreprise de travaux publics, l’entreprise Dicker Hoff, étaient affectés un grand nombre de détenus d’Allach. On y mourrait vite, épuisé par le charroi en une ronde infernale de sacs de ciment, vaincu par le froid, par la faim (2 litres de soupe claire et 200 grammes de pain par jour), assommé de coups ou victime d’accidents… Moins redoutables étaient les kommandos d’usines…Nous sommes en février 1945… L’hiver est particulièrement rigoureux en Bavière… Une bise aigre souffle sur le camp, hurlant dans la forêt de sapins que nous traversons pour nous rendre à  l’usine BMW, cortège de spectres, qu’encadrent des hommes en armes et des chiens diaboliques…Le froid est collé à notre peau… Collé à  la peau comme, depuis des mois, la faim collée au ventre… Et cet appel qui, ce matin, a duré une longue heure… Un bref commandement nous arrache à nos pensées. Nous sommes devant les lourdes portes d’un bâtiment de l’usine BMW… »

( 2) Voici quelques extraits du témoignage sur le Kommando de Blaichach d’ Elie Mignot, déporté le 18 juin 1944, matricule 73759, cité dans « Le grand livre des Témoins. » édité par la FNDIRP

« Nous travaillions 12 heures par jour à la confection de bielles principales et secondaires de moteurs d’avions BMW. C’était extrêmement pénible et parfois dangereux. Par exemple, plusieurs d’entre nous devaient plonger à  l’aide de pinces des pièces dans des cuves remplies de produits chimiques toxiques en ébullition. Et cela sans aucune protection. D’autres travaillaient à des fours électriques chauffant à 800 ou 900 degrés, dans lesquels devaient être trempées dans de  l’ammoniaque de lourdes bielles. Ce travail forcé, exécuté sous l’étroite surveillance de SS, schlague la main, était d’autant plus dur que nous crevions littéralement de faim »

( 3) Voici le récit concernant le trajet du convoi parti de Compiègne le 18 juin 1944 écrit par le Révérend Père Jacques Sommet, matricule 72944, paru dans la revue « Etudes » de Juillet-Août 1945 sous le titre «L’inhumaine condition», article repris dans la brochure « de Franfort Dachau » publiée aux Editions du Sol Annonay 1946, par René Fraysse, arrêté le 20 avril 1944 en Allemagne, interné à Dachau, matricule 113095:

« Le long convoi gagne la gare sous bonne escorte. Des wagons attendent. Leur nombre réduit nous étonne. On monte : cent vingt compagnons prennent place dans une vieille voiture «40 hommes-8 chevaux». Un dernier discours tente de convaincre les audacieux de rendre les scies cachées. La porte est fermée, verrouillée à souhait. Elle ne s’ouvrira plus qu’ à  l’arrivée. Une heure ou deux s’écoulent dans le calme. Mais la chaleur se fait intense. L’énervement gagne les reclus. Les dures constatations s’accumulent : deux des quatre petites fenêtres qui permettaient aux animaux de respirer ont été closes. On ne peut pas s’asseoir, à peine remuer. Et pendant que le train s’en va par la campagne heureuse, cette humanité emmurée fait en trois heures une chute vertigineuse dans la misère. Sur les visages, les traits humains s’estompent, les durs rictus de la bête apparaissent. Les forts s’emparent des coins aérés. Les têtes s’échauffent, l’asphyxie, puis la folie altè- rent les esprits. On se bat. Nos gardiens diront à l’arrivée que gaullistes et communistes ont vidé leurs querelles. A Reims, quelques hommes déjà  râlent et meurent. On appelle. Les S. S. rient et s’amusent : une pompe arrose d’eau notre wagon, inonde nos vêtements, mais les gosiers sèchent toujours. Rires et jeux nous signifient notre destin : non plus personnes, mais objets de vil prix dont on se gausse : nous sommes entrés dans la condition inhumaine.

Trois ou quatre jours, trois ou quatre nuits durant, le train s’en va. Il ne s’arrête sérieusement qu’une seule fois ; au passage de la frontière, les cent vingt occupants sont entassés un moment dans une seule moitié du wagon et passent, à la cravache, dans l’autre moitié. Ainsi est vérifié le nombre. Une évasion est-elle constatée ? Les occupants sont dévêtus. Ils finiront, nus, le voyage. L’inconscience gagne peu à peu les plus forts, qui se lassent de déchiffrer les noms allemands des gares traversées. Gémissements et colères rythment seuls l’interminable glissement du train vers son but inconnu. Beaucoup d’entre nous ont déjà  terminé leur triste vie de déportés.(a)

Un dernier choc. Les portes s’ouvrent. Le jour blesse les yeux. Nous nous regardons sans nous reconnaître. Devant nous une petite gare provinciale étale son nom en caractères gothiques : Dachau. Les plus avertis courbent la tête et se taisent. Sur les quais, des hommes libres, des enfants blonds circulent et nous ignorent. Pas un regard de pitié sur les corps qu’on jette dans une voiture, pantins brisés dont on ne saura jamais rien. Les listes du camp n’ont que faire des morts. Ils seront brûlés à  l’arrivée, et c’est tout. Neuf cents sur deux mille quatre cents déportés connaîtront au convoi suivant ( b) la triste et brève fin des wagons-cercueils.

La colonne du départ se reforme, accablée et surtout plus courte. En route pour le camp ! Ce camp de Dachau aligne ses bâtiments à quelques kilomètres d’une petite ville bavaroise, dans la banlieue nord-ouest de Munich. Des marais achetés à bon compte par le parti ont fourni, dès le début du régime, un terrain de choix pour le travail des détenus politiques. Le sang versé par tant de générations sacrifiées a séché aujourd’hui sur  le sol maudit.

Nul ne peut soupçonner du dehors l’importance des installations. A côté d’un camp d’instruction S. S., un immense rectangle se développe, une seule porte y donne accès. Sur cette porte, un programme : « Arbeit macht Frei » Le travail rend libre. Derrière la grille s’agitent des hommes vêtus de costumes rayés, comme si l’ombre des barreaux devait à  jamais se fixer sur leurs faibles corps.

Une immense cour occupe le haut du camp, puis de chaque côté d’une allée centrale s’étagent quinze baraques ou « blocs ». Un réseau électrifié, un fossé et un mur en béton de 3 m. 50 entourent le camp. Rien ne dépasse le haut de ce mur, sauf les toits, en sorte qu’aucun regard ne peut franchir la clôture ni deviner ce qui se déroule au dedans. Les miradors seuls dominent la morne cité où  veillent les guetteurs casqués à  l’insigne de la tête de mort »

(a) des témoignages laissent supposer qu’il y aurait eu une dizaine de décès pendant le trajet, mais aucun de ces disparus n’a pu être identifié .

(b) soit celui parti le 2 juillet 1944 dit le « le Train de la Mort »

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